Une chasse qui aurait voulu être sanglante... [Libre]

La jungle. Grande. Immense. Gigantesque. Et sans pitié.
Là où règne la loi du plus fort. Les faibles meurrent pour donner de la force aux plus forts.
Et c'est ainsi partout. Enfin, partout sur l'Ile. Au-dehors, par-delà les eaux, c'est différent...
Mais comment faire une comparaison entre le système de vie de l'Ile et le système de vie du monde entier ? Surtout si le reste du monde a été vu par des yeux de fillette... Oui, c'était impossible, on ne se souvenait plus de l'Avant, on ne se souvenait plus que du Maintenant et de l'Après, qu'on supposait ici...

Un rire fusa, léger, cristallin mais aux derrières sanglants. Cet éclat de sombre joie venait d'une femme, d'environ 26 ans, aux longs cheveux bruns. Elle était belle, il fallait l'avouer, avec ses grands yeux, ses fins sourcils, sa petite bouche et son nez presque inexistant... Et elle était innofensive aussi, tant que rien auquel elle était attachée ne subissait de danger. Mais cette femme avait des sautes d'humeurs, qui la faisait passer d'une délicate douceur à la plus infâme cruauté froide... Mais tout cela était sans importance, puisqu'elle cachait tout cela derrière un masque, un masque d'indifférence. Qui pouvait très bien être réel ou illusion mais Drynia, puisque c'était le nom de la femme, se souciait bien de savoir la différence : elle l'avait oubliée. A force de jouer avec des illusions, de cacher la vérité derrière des mensonges et des mensonges derrière la vérité, Drynia avait oubliée la différence du réel et de l'illusoire. Elle jouait si bien avec les deux, maîtrisant l'un avec expérience et réagissant à l'autre avec rapidité.

Un autre rire troubla l'air chaud et humide de la jungle des Terres Australes mais il se mélangea rapidement avec un miaulement avant d'en devenir complètement un. La femme était devenue animal. Cet animal en question était assez petit, 65 cm au garrot, mais haut sur patte. Sa fourrure était comme celle d'un léopard : beige tacheté de noir. Ses oreilles étaient immenses, les plus grandes de tout les félins et ses vibrisses étaient incroyablement longues. Le serval, car c'était le nom de ce félin, regardait dans tout les côtés, les oreilles aux aguets. Oublié les éclats de rire d'avant, maintenant était destiné à la chasse. Enfin, une odeur vient chatouiller les narines de ce petit félin moucheté. Une odeur de lapin. Les oreilles du serval s'agitèrent et un sourire, qui montrit quelques dents pointues, apparut sur la gueule de l'animal. Reprenant contrôle d'elle-même, la chasseuse récupéra son masque d'indifférence et s'avança dans la direction de l'odeur. La chasseuse du groupe NOS avait vite fait de débusquer ce lapin brun solitaire. La femme-serval sentit naître en elle, dans le creux de son ventre, l'envie folle d'attraper ce lapin et de le faire souffrir, encore et encore, mais c'était de la nourriture qu'elle devait ramener à son camp et elle ne pensait pas réellement que les autres membres apprécieraient de voir un lapin déchiqueter, signe évident de la cruauté de Drynia. La chasseuse se contenta donc de réprimer cette envie et s'avancit encore un peu avant de bondir vers le lapin. Ce pauvre mammifère aux fières oreilles n'eut pas le temps de voir sa fin venir que quatre canines s'enfonçaient dans son cou, prêt à percer la jugullaire de l'animal. Chose faite, le lapin mourut en criant comme un dément, avertissant ainsi tout les autres lapins à la ronde du danger. Ces trouillards devaient déjà être rentrés dans leur terrier et la chasse était terminée...

Drynia se retransforma, souria à pleine dent, et prit le cadavre par les longues oreilles. Elle l'observa quelques instants avant d'éclater de rire. Un rire sombre mais pourtant content. Et puis, un craquement, un lourd craquement, signe de pur danger. Drynia se plaqua complètement contre un arbre et retint sa respiration. Un serpent mutant, vert sombre, passa juste à côté d'elle sans s'intéresser à sa présence immobile. Cette créature était effroyable et Drynia, il fallait se l'avouer, fallit tomber évanouie, tellement qu'elle eut peur pour sa vie. Mais elle a eut une chance incroyable : elle a put voir les écailles d'un serpent mutant de tout près et cela n'était pas donnée à tout le monde. Quand, enfin, le bout de la queue de l'énorme serpent disparue entre les arbres, Drynia reprit sa respiration et arrêta de se plaquer contre l'arbre. Elle regarda un point vide, quelques secondes, dans l'espace avant que ses deux yeux reprennent vie. Elle regarda de nouveau le lapin brun et re-sourit. Quelle belle prise, les NOS seront content. La chasseuse balança l'une de ses mèches de cheveux dans son dos, frotta de quelques tapes rapides son kimono ainsi que sa ceinture rouge et elle prit route. Direction le camp pacifique des NOS. Sur le chemin, elle s'amusait à se créer des illusions : une jungle de sucre candy ; un lapin, son lapin, bondissant entre des bâtons de sucette géante ; des sucreries fortes appétissantes... Tout pour lui rappeller les sortes de sucre qu'elle avait avalée, il y avait si longtemps... Mais cela n'avait plus d'importance, n'est-ce pas ? Personne ne sortira jamais de cette île, personne n'arrivera, après tant de temps, sur l'île et leur dire : "vous êtes sauvés ! On vous ramène chez vous !" Non, personne...

Drynia souria, tristement, et fit disparaîtres les créations de son esprit. Elle avait déjà marchée depuis longtemps : sortir de la jungle était dur, surtout si l'on s'était bien enfoncée dedans, mais elle n'avait pas encore remarqué que quelque chose la suivait, depuis quelques temps déjà...